Le métavers peut-il être un outil pour la médiation ?

Alain SAFFAR

Avocat au barreau de Marseille



"Tout le monde s’accorde pour dire que nous entrons dans une ère nouvelle. M ais outre les manifestations géopolitiques et le changement de nos comportements, le metavers va nous entrainer dans un monde parallèle dans lequel nous allons pouvoir interagir."

Extrait du JDBM n°3 – 32e JURIS’CUP vieux farceur à l’honneur

Cette perspective interroge et pose questions. Le métavers peut-il être un outil pour la médiation ?
En premier lieu il convient d’explorer la naissance du métavers, quelles utilisations il offre, ensuite on pourra se demander s’il est compatible avec les techniques de la médiation.

Naissance et utilisation

Le métavers, c’est l’au-delà de l’univers. C’est donc explorer un monde inconnu ou les humains, en créant un avatar, pourront vivre une réalité virtuelle grâce à un casque de réalité augmentée qui permet une interaction comparable au réel.
Ce sont les créateurs de jeux vidéo qui ont imaginé ce concept. Marc Zuckerberg, fondateur de Facebook le développe et Facebook devient meta.
De nombreuses entreprises sont intéressées de prendre le contrôle de ce concept aux enjeux économiques prometteurs.
Des avocats ont déjà des cabinets virtuels dans cet univers. Le casque qui permet la transition est d’une technologique sophistiquée qui laisse paraître outre les émotions mais également le langage corporel ce qui est intéressant pour son éventuelle utilisation dans le cadre des médiations.

Comment le métavers peut servir la médiation

Comme nous venons de le voir, il s’agit de créer une réalité virtuelle dans la quelle on peut interagir, via son avatar, avec autrui. Imaginons deux individus, en conflit, qui décident d’entrer dans un processus de médiation.
D ans la première phase (le « quoi » ), le questionnement du médiateur va porter sur l’origine de la rencontre, le début de la relation. Et si nous laissions les avatars s’expliquer et rejouer leur relation dans un
univers que l’on peut créer, un parc, un bureau, un dîner etc. ! Le retour au réel va permettre d’échanger sur le ressenti par comparaison avec ce qui s’est passé et le médiateur pourra approfondir et interroger les émotions. Il en est de même pour l’exploration du début des difficultés. Comment les parties vont se positionner dans le métavers alors qu’ils ont déjà vécu la situation ? Leur comportement, leur réaction, leur ressenti, leur perception seront-ils modifiés ? Le médiateur pourra s’emparer de leur positionnement pour les amener à en tirer les enseignements. C’est une prise de conscience de la relation et de l’expression des émotions qui ont présidé à la relation. 

Comment cela fonctionne

Il existe de multiples univers virtuels. On choisit celui que l’on veut intégrer. Cela peut être un concert, un match de foot une conférence etc.. L’objectif est de démocratiser l’usage d’hologrammes dans la vie professionnelle de tous les jours.Les utilisateurs sont en mesure de projeter leur avatar auprès d’autres utilisateurs. Cela permet d’échanger, de partager du contenu dans un environnement virtuel partagé accessible via internet. Ce méta univers va créer des liens sociaux significatifs entre utilisateurs et ce, quelle que soit leur localisation. Méta (Facebook ) a créé une application « horizon world » dans le métavers. C’est une plateforme interactive en réalité virtuelle dans laquelle on peut passer du temps avec des amis et construire son propre monde virtuel. L’accès est actuellement possible via un casque de réalité augmentée et sera possible, sans casque, via le web dans un proche avenir.

[ – Et si nous laissions les avatars s’expliquer et renouer leur relation dans un univers que l’on peut créer, un parc,
un bureau, un diner etc. !
Le retour au réel va permettre
d’échanger sur le ressenti par
comparaison avec ce qui s’est passé et le médiateur pourra approfondir et interroger les émotions. ]

La deuxième phase de la médiation (le pourquoi) va se dérouler sur le même schéma. Cette recherche des motivations, de l’expression des besoins, de l’expression des émotions, des frustrations sera facilitée par l’avatar qui est bien « un moi » mais un autre moi, dis tant, tout en étant réel.
Cette distance est nécessaire pour se libérer du poids de la culture, de l’éducation, des traditions qui pèsent sur chaque individu. Pour conclure, il me semble que le métavers puisse être un outil pour la médiation, parmi d’autres. M ais il doit être adapté aux parties, à la situation soumise à la médiation. Il soulève cependant des interrogations
notamment sur la confidentialité. Des banques, des avocats ont investi le métavers. La confidentialité est garantie de la même façon que lorsque nous faisons des entretiens « zoom ». Reste un écueil, le médiateur est à l’écoute des émotions car elles répondent à un besoin et transmettent des messages, comment pourra – t-il s’emparer des émotions différées ? Peut-être qu’une nouvelle séance plénière, en présentiel permettra de répondre à ce problème.

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